mardi 19 mai 2015

La Transformation Digitale de l'économie française

Je reprends aujourd'hui une tribune de Guy Mamou-Mani qui me parait fort à propos!

Dans une précédente « tribune » de l’Opinion, il faisait observer que l’avenir de notre pays et de ses entreprises, notre propre avenir, dépendait pour une très large part des réponses que nous apporterions collectivement aux enjeux de la transformation numérique qui concerne aussi bien l’administration centrale que les collectivités locales, les entreprises que les individus.

La Révolution Digitale s'installe partout sournoisement!

Même si nous n’en sommes pas toujours conscients, notre vie quotidienne dans ses différentes composantes tout comme d’ailleurs ses représentations, à commencer par celle de l’âge avec la “silver économie”, est en passe à l’aune du numérique de changer radicalement. Son avènement embarque une révolution complète de la connaissance qui entraîne avec elle toutes les autres disciplines tant son potentiel est contagieux.

C’est un phénomène général qui est en train de gagner toute la société et prospère au rythme d’innovations qui ne sont pas qu’incrémentales. Les particuliers en sont les premiers bénéficiaires, qu’ils soient consommateurs ou citoyens. Nous le verrons s’agissant de nos rapports avec l’administration (Etat-offreur de solutions, généralisation de la dématérialisation des actes administratifs, accès libre aux données publiques) dans un prochain billet. 

Au secours nous sommes en retard!

Paradoxalement, nos entreprises, pourtant aussi conscientes de l’importance du numérique que leurs homologues des 28 pays de l’union européenne qui accélèrent leur transformation numérique, donnent l’impression de marquer le pas: “en France, alors que les usages numériques sont largement répandus chez les consommateurs, ils tardent à s’imposer dans les entreprises”. Quelques chiffres:

75% des entreprises européennes possèdent un site web contre 65% des françaises,
30% des entreprises utilisent un média social contre 19% en France.

C’est le constat accablant que dresse le cabinet McKinsey dans son étude 2014 sur la mutation numérique des entreprises[1] que corrobore Philippe Lemoine dans le Rapport sur “la transformation numérique de l’économie française” [2]qu’il a remis en fin d’année dernière au Gouvernement.

Ce retard, qui prive notre pays d’un gisement considérable de croissance et de compétitivité, m’interroge d’autant plus que la responsabilité en incombe, pour une part du moins, à des dirigeants qui manquent encore visiblement de motivation - pour ne pas dire d’implication -  pour épouser leur temps et entreprendre la “métamorphose numérique” de leur entreprise.

Ils sont pourtant mieux placés que quiconque pour discerner le parti qu’ils pourraient tirer du potentiel de valeur attaché au numérique qui modifie les processus métiers, casse les organisations en silos, instaure des démarches de transversalité porteuses de nouveaux équilibres dans la gouvernance, eux-mêmes source de nouvelles modalités d’engagement.

Pourtant le gisement est là!

Si les entreprises, jouaient pleinement le jeu en acceptant de bouleverser les habitudes et les usages qui ont cours dans l’économie matérielle, la France collerait davantage au nouveau monde dans lequel nous sommes entrés et pourrait accroître la part du numérique dans son PIB de 100 Md€ par an selon les estimations McKinsey.

Il est donc urgent de corriger le tir et de sonner l’heure de la mobilisation générale, sauf à se résoudre au déclin de notre pays, à la disparition les uns après les autres de ses fleurons industriels faute d’avoir su réinventer à temps leurs business models, et à nous voir rétrograder pour la nième fois dans le classement des grandes puissances économiques mondiales. 

Une association pour nous sortir de là!

 C’est tout le sens de l’initiative prise par le Président de la République en confiant à des acteurs économiques (dont le SYNTEC Numérique), la création d’une association dédiée à l’Industrie du futur.

Parmi les propositions concrètes de l’association, figurent 3 actions emblématiques :

la création et la promotion - d’ici fin 2016 - de plus de 15 projets de dimension nationale voire européenne,
la sensibilisation de plus de 15000 entreprises à la transformation numérique et l’accompagnement  de 2000 PME ou ETI industrielles dans leur projet de modernisation,
le déploiement de plates-formes technologiques accessibles aux industriels sur l’ensemble du territoire français.

Cette initiative qui prolonge et amplifie les actions conduites dans le cadre du plan Nouvelle France industrielle pourrait avantageusement être déclinée dans d’autres secteurs d’excellence  qui n’ont pas encore exploité toute la richesse que le numérique met pourtant à leur portée. Par exemple la santé et le médico-social: les énergies des acteurs du numérique dans ces deux domaines gagneraient à être fédérées comme le montre le  livre blanc “la révolution du Bien vieillir” que SYNTEC Numérique va publier prochainement. 

En synthèse.

Guy MAMOU-MANI a la conviction que c’est en favorisant systématiquement le basculement de la technologie vers l’usage et en les adossant sur un environnement de type click-and-mortar plus propice à leur développement que les entreprises, qu’elles soient traditionnelles ou pure players, rencontreront leur marché et feront mentir Henri Verdier, chief data officer (CDO) de la France, qui pouvait encore observer mi 2012 dans son Plaidoyer pour une néo-industrialisation  qu’il n’y a aucun produit français parmi les 25 produits les plus vendus en France!

Pour ma part, je pense que le jour ou les entreprises penseront plus à s'adapter aux préoccupations de leurs clients qu'aux contraintes de production, elles trouveront peut-être qu'elles doivent renoncer à un certain confort de continuité pour aller chercher des relais de croissance dans des modes opératoires inconnus et inconfortables mais qui se trouvent là ou leurs nouveaux clients les attendent. Ils n'attendront pas longtemps surtout s'il devient de plus en plus facile de trouver leur contentement ailleurs même loin de chez nous. Le prix n'est plus la valeur principale, mais la simplicité est en train de le remplacer. A nous de jouer!







vendredi 24 avril 2015

"Mobile Friendly" bilan 3 jours après le "tsunami" de Google

Après Panda en 2011 et Pinguin en 2012, la nouvelle modification profonde de l'algorithme de Google est tombée le 21 avril: "Mobile Friendly" quels en sont les effets 3 jours après?
Suivant sa logique profonde de satisfaire au mieux les demandes des utilisateurs finaux, Google fait constamment évoluer l'algorithme de son moteur de recherche afin de coller au mieux aux usages des surfeurs sur internet. Plusieurs centaines de personnes travaillent sur ce sujet en permanence et cela produit des évolutions constantes mais souvent des ruptures brutales comme l'ont été Panda et Pinguin. Cette nouvelle évolution contrairement aux habitudes de Google est annoncée depuis plusieurs mois.
Pourquoi cette évolution majeure? Deux réponses:
  1. Nous avons franchi très récemment la barre des 50% de fréquentation d'internet sur mobile. Cela veut dire que plus de la moitié des internautes surfent plutôt depuis leur smartphone que depuis leur ordinateur. Partant de ce constat qui ne va aller qu'en augmentant, Google est soucieux que ces internautes puissent lire correctement les sites vers lesquels il les oriente à travers ses résultats. But louable si on le prend au pied de la lettre! Si on s'en tient à l'objectif avoué et annoncé par les fondateurs de Google de satisfaire  au mieux les demandes des utilisateurs finaux, on est bien la dans l'esprit mais il n'y a pas que ça.
  2. Le fait que les sites ne soient pas aussi lisibles ni si utiles sur mobiles que sur ordinateur fait monter le taux de transfert vers des applications dédiées sur mobiles qu'elles soient iOS, Androïd ou Windows Phone. Hors les revenus publicitaires venant de ces applications sont loin d'avoir rattrapés ceux d'internet. Il était donc impératif pour Google de limiter cette fuite!


Le passage officiel c'est fait le 21 avril dernier. En fait il semblerait que les choses aient commencées un peu avant en sous-marin. Hors d'après des études, les sites et pas des moindres ne sont pas prêt du tout malgré la mise en garde préventive qu'avait fait Google depuis quelques mois et la mise en place d'un outil permettant de tester son site en direct. En France on estime qu'entre 60% et 65% des sites ne sont pas adaptés au mobile.
Trois jours après, si on regarde ce qui a changé dans les résultats, on peut effectivement noter certaines différences. La société YODA spécialiste en référencement naturel a pu mesurer des baisses de popularité allant de -0,6% pour le site ameli.fr à -36% pour rueducommerce.fr. Le gros du peloton (canal+,BNP, leboncoin, …) se situe entre -10% et -15%. En regardant d'un peu plus prêt, on s'aperçoit que des sites prévus pour les mobiles viennent remplacer les sites classiques. Ainsi, pendant que le site rueducommerce.fr voit sa popularité baisser, le site m.rueducommerce.fr voit la sienne monter d'autant. On peut voir l'efficacité des stratégies qui avaient été un peu anticipées. Pour ceux qui ne l'ont pas encore fait, les 65%, il est grand temps de réagir sous peine de se retrouver relégué au dela de la page 2 ce qui signifie la mort. Il y a donc un beau marché qui s'est ouvert pour les agences web qui sauront détecter les retardataires.


mardi 14 avril 2015

Transformation Digitale, tous ne sont pas égaux!

Face à un monde qui change de plus en plus vite:
  1. Le consommateur a changé plus vite que les entreprises, il a adopté les technologies numériques, il est devenu acteur de sa consommation, il cherche à créer du sens et du lien.
  2. Des innovations de rupture font entrer de nouveaux acteurs qui font vaciller les colosses. Au delà des ruptures technologiques, ce sont les convergences qui font émerger de nouveaux usages.
  3. Les modèles économiques se décloisonnent. Même si le savoir faire garde de la valeur, il ne peut plus être la seule source de revenus de l'entreprise qui doit se construire autour des usages de ses clients au risque de se le voir prendre par un inconnu qui aura su proposer un usage plus approprié (simple, actuel, social…)
  4. Le développement des technologies de la connaissance permettant de personnaliser la relation avec des millions de personnes.

L'entreprise doit se réinventer. Sa transformation digitale est l'acquisition d'un état d'esprit qui met les préoccupations de ses clients au cœur de la réflexion et de l'évolution de l'entreprise. Il n'est donc pas seulement question de répondre aux envies des clients comme le fait le marketing  mais d'entrer dans une vision comportementale qui vise la nature profonde de l'humain car des préoccupations naissent les envies. 
Une telle attitude va avoir 2 conséquences principales:
  1. il faut mieux connaître ses clients,
  2. comme ses préoccupations changent très vite il faut devenir agile. 

L'évolution des nouvelles technologies permet de faire aujourd'hui avec des millions de clients ce que l'on pouvait faire hier avec une poignée. La transformation digitale de l'entreprise va donc lui permettre de faire évoluer son business model avec l'aide des technologies numériques. 

Trois types de pratiques vont s'appliquer selon le contexte:
  1. Défensive: Sans bouleverser l'existant, c'est une expansion du cœur de métier en développant de nouveaux accès aux produits ou services. C'est le règne du Marketing Digital, des politiques Omnicanales et de la complémentarité entre les différents services. Elle permet de générer du business incrémental et de rattraper un certain retard.
  2. Offensive: En améliorant l'existant, c'est un élargissement du cœur de métier qui va permettre de compléter l'offre par des partenariats, des nouveaux modes de vente et un nouveau mode relationnel avec ses clients. Elle nécessite souvent la présence d'un chef d'orchestre pour driver toutes les initiatives dans le même sens (un Chief Digital Officer). Elle a l'avantage de ne pas casser l'existant et de développer un business incrémental et de faire naitre parallèlement les pousses du business de demain par des expérimentations des méthodes agiles.
  3. Rupture: Par la mise en place d'une structure d'innovation c'est une modification profonde du business model existant. Croissance externe et recherche de pépites sont ses atouts maitres accompagnés de l'intégration des clients dans le processus de création. 

Aucune des trois n'est idéale et certainement un mix des trois taylormade à l'entreprise est à chercher. Il faudra y ajouter les transformations au niveau des organisations qui assureront le déploiement sans faire table rase des acquis ni de l'expérience qui ont fait le succès de l'entreprise sur ces marchés.

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