Bienvenue dans le monde des moutons wifi et de l’extension d’internet hors des zones densément peuplées.
Google n'est pas le seul à plancher sur un projet pour relier les territoires les plus reculés à Internet. Afin de permettre de déployer
l'Internet sans-fil en rase campagne, Gordon Blair, professeur à l'université
de Lancaster, compte installer des hotspots WifFi sur des... moutons. Il va
mener une expérience grandeur réelle dans le comté de Conwy pendant laquelle il
va équiper des moutons d'un collier high-tech et installer des
capteurs. Généralisée, cette technique permettrait-elle de
couvrir l'intégralité des zones actuellement non desservies?
Plus précisément, le projet de Gordon Blair consiste à
établir des réseaux maillés (réseaux mesh) à partir d’équipements WiFi
installés sur des moutons. Alors qu’un hotspot WiFi traditionnel est
directement relié à Internet, un hotspot "mesh" peut-être connecté à
Internet par l’intermédiaire d’une chaine de transmetteurs WiFi qui relaient
l’information de point en point jusqu’à un site qui, lui, accède directement à Internet.
Cette technique fonctionne parfaitement depuis plusieurs
années et est utilisée notamment dans des zones rurales mal desservies par les
réseaux de communication fixes. Elle est aussi très prisée par des populations
qui y trouvent un moyen de communication communautaire et de démocratie
participative (Mesh Sayada en Tunisie
par exemple) ou par des mouvements contestataires qui apprécient la possibilité
de communiquer librement entre mobiles, sans censure ni captation
d’informations par des entités extérieures (mouvement contre le gouvernement
chinois à Hong-Kong,…). Un tel réseau est facile à mettre en œuvre dès lors que
chaque membre est suffisamment proche d’un autre pour acheminer l’information
jusqu’à sa destination. Des contestataires aux moutons, il n’y a qu’un pas que
Blair pense franchir prochainement.
La mobilité ne pose aucune difficulté : les exemples
précédents le prouvent. La seule contrainte sur ce point reste la nécessaire
proximité entre les transmetteurs : la technologie actuelle autorise des
distances pouvant aller jusqu’à 60 à 80 mètres suivant l’environnement. Un
mouton éloigné des autres d’une distance supérieure à ces seuils deviendrait
momentanément inopérant pour le réseau.
L’autonomie électrique est un élément clé dans la mise en
œuvre du projet. Blair envisage d’équiper le bétail de mini capteurs solaires.
Il reste à réduire la consommation des transmetteurs notamment en utilisant des
antennes dites intelligentes qui orientent et concentrent leur faisceau
d’émission en fonction des autres antennes qu’elles détectent dans leur
environnement. Ce dispositif permet d’utiliser au mieux l’énergie transmise pour
la diffusion du signal WiFi et d’améliorer la qualité de ce signal pour une
transmission à plus longue distance.
Un autre point à prendre en compte sera l’interopérabilité
des réseaux car pour assurer une communication continue, propagée sur de
longues distances, il sera nécessaire non seulement que les moutons d’un même
troupeau mais également que les troupeaux communiquent en eux, voire avec
d’autres réseaux, quels que soient les
constructeurs ou les technologies employés. Une fois ces contraintes technologiques
réglées, à des conditions financières compatibles avec les contraintes
économiques des pays concernés, il est envisageable de déployer des réseaux à
grande échelle pour couvrir des zones non desservies.
Il est clair que le choix de cet animal est plutôt judicieux
: son poids lui permet de porter un équipement assez lourd et encombrant
(jusqu’à 500g), un cheptel de plusieurs milliards de têtes (un mouton pour 3
habitants) et les pays en développement peuvent l’utiliser en agriculture de
subsistance. Cela n’apportera pas la couverture universelle mais pourrait
constituer des solutions intéressantes à certaines problématiques locales,
notamment dans les pays dont le niveau de vie est le plus faible.
A l’heure où de
nombreuses municipalités se mettent à l’écopâturage pour l’entretien de leurs
parcs, pourquoi ne pas suggérer à nos élus d’améliorer encore plus notre
confort en transformant leurs moutons en hotspots WiFi ?
Cet article est inspiré de celui de Joël Gaget sur
Atlantico.fr
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